La révision constitutionnelle désormais actée au Bénin confirme, une fois encore, que les intérêts des acteurs politiques ont prévalu sur l’intérêt général. Les débats qui auraient dû être consacrés à la consolidation démocratique ont plutôt tourné autour d’arrangements institutionnels répondant aux besoins stratégiques des gouvernants et de leurs alliés. Dans un contexte déjà tendu par la crise de confiance entre gouvernants et gouvernés, l’adoption de cette réforme sans véritable débat national creuse davantage le fossé entre le peuple et ceux qui parlent en son nom. La Constitution, censée être l’expression suprême de la souveraineté populaire, a été façonnée dans une logique de rapport de forces, loin des préoccupations quotidiennes des citoyens. Les nouvelles dispositions phares de cette révision montrent clairement que le citoyen béninois n’est pas au cœur de la réforme. L’instauration d’un Sénat, par exemple, apparaît davantage comme un mécanisme de redistribution de postes et un outil de verrouillage politique qu’une nécessité démocratique réelle. De même, les ajustements liés aux élections, qu’il s’agisse des rallongements des mandats et autres semblent instaurés pour sécuriser le contrôle du pouvoir plutôt que pour élargir l’espace démocratique. Plus grave encore, cette révision a été conduite sans une véritable consultation populaire, ce qui traduit un mépris silencieux pour la souveraineté du peuple. Le peuple béninois n’a pas été invité à exprimer son avis sur un texte qui engagera pourtant son avenir collectif pour plusieurs décennies. Ce déficit de participation populaire fragilise la légitimité de la réforme et alimente un sentiment de dépossession démocratique. En définitive, cette révision constitutionnelle entérine une dérive préoccupante, celle de la concentration du pouvoir entre les mains d’une élite politique distante du vécu quotidien des populations. Plutôt que de répondre aux besoins urgents du pays, justice sociale, emploi des jeunes, sécurité, gouvernance locale efficace, la réforme consacre une vision politique tournée vers la protection et la pérennisation d’un système. Le peuple, pourtant titulaire de la souveraineté, se retrouve relégué au second plan, comme simple spectateur d’une réorganisation institutionnelle qui ne porte ni ses aspirations ni ses priorités.
*Dynamisme Info*