Recommandations d’élections inclusives et consensuelles : Quelles réponses à l’appel de la CEDEAO et de l’ONU au sein de la Rupture ?

La déclaration de Barrie Freeman, Représentant spécial adjoint de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, sonne comme un avertissement clair adressé aux autorités béninoises. En liant directement les réformes de gouvernance perçues comme excluantes à la destruction de la légitimité politique et au mécontentement populaire, l’ONU met en lumière une réalité régionale bien évidente. La tentative de coup d’État du 7 Décembre, survenue dans un contexte politique déjà tendu et à la veille d’échéances électorales majeures en 2026, renforce l’urgence d’un changement d’approche dans la conduite des réformes et du processus électoral. La CEDEAO et l’ONU ne remettent pas en cause le principe des réformes engagées par la Rupture, mais interrogent leur méthode. Le cœur du message est sans ambiguïté pour dire que sans inclusivité, sans dialogue politique sincère et sans transparence, même les réformes présentées comme techniquement solides peuvent devenir des facteurs de fragilisation de l’État. Or, depuis plusieurs années, la gouvernance sous la Rupture est marquée par une centralisation des décisions, une marginalisation persistante de l’opposition et une faible culture de la concertation nationale. Cette configuration nourrit le sentiment d’exclusion et accentue la défiance d’une partie de la population envers les institutions. À l’approche des élections présidentielles et législatives de 2026, la question n’est donc plus seulement juridique ou organisationnelle, mais profondément politique. Les appels à des élections inclusives et consensuelles supposent des gestes forts qui appellent notamment à rétablir un climat de confiance, à garantir une compétition électorale ouverte, à revoir certains mécanismes jugés verrouillant et accepter que le débat politique, même contradictoire, est un pilier de la stabilité démocratique. Sans ces signaux d’ouverture, le risque est grand de voir les scrutins à venir se dérouler dans un contexte de tension latente, voire de contestation durable. Face à cet appel conjoint de la CEDEAO et de l’ONU, la Rupture se trouve à un tournant. Soit elle persiste dans une logique de gouvernance unilatérale, au risque d’accentuer les fractures politiques et sociales, soit elle engage une inflexion stratégique en faveur du dialogue et de l’inclusion. La tentative de coup d’État déjouée n’est pas seulement un incident sécuritaire ; elle est aussi un symptôme. Ignorer les causes profondes du malaise politique, malgré les mises en garde des partenaires régionaux et internationaux, reviendrait à hypothéquer la crédibilité des élections de 2026 et, plus largement, la stabilité démocratique du Bénin.

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