Gouvernance sous la Rupture : Finalement, les ceintures n’ont pas été desserrées!

Dix années après l’avènement de la Rupture, le constat social demeure sévère : l’effort demandé aux populations n’a jamais réellement été suivi d’un soulagement tangible. Dès les premières années, le discours officiel tenu a été de faire asseoir une gouvernance de rigueur, justifiant les sacrifices imposés par la nécessité de redresser l’État, d’assainir les finances publiques et de bâtir des fondations solides pour l’avenir. Mais au fil du temps, cette austérité est devenue une constante, et non une phase transitoire. Pour une large frange de la population, la promesse implicite d’un mieux-être progressif s’est diluée dans la durée. La Rupture a incontestablement engagé des réformes structurelles ambitieuses, notamment dans les infrastructures, l’administration et la gouvernance économique. Cependant, ces réformes se sont faites au prix d’une pression sociale persistante caractérisée par une hausse du coût de la vie, une fiscalité jugée pesante et le sentiment d’exclusion de nombreux citoyens des bénéfices immédiats de la croissance. Ce qui frappe, avec le recul, c’est que la logique du sacrifice n’a jamais été véritablement compensée. Les ceintures ont été serrées au nom de l’avenir, mais elles ne se sont jamais desserrées, même après une décennie de réformes. Le discours sur la patience du peuple a fini par masquer une réalité plus inconfortable où l’effort a été durablement supporté par les mêmes couches sociales, tandis que les retombées concrètes tardent à se traduire par une amélioration sensible du pouvoir d’achat, de l’accès aux services essentiels et de la justice sociale. Derrière les indicateurs macroéconomiques et les annonces officielles, une évidence s’impose de plus en plus difficilement contestable : les gens ont faim dans le pays. Au final, la gouvernance sous la Rupture laisse l’image d’un modèle où l’État s’est renforcé, les réformes se sont multipliées, mais où le citoyen est resté en attente. L’idée selon laquelle « il fallait souffrir aujourd’hui pour vivre mieux demain » a conforté toute l’action publique, sans que le lendemain promis ne soit clairement perceptible pour le plus grand nombre. Cette réalité sociale trouve d’ailleurs un écho inquiétant dans les données internationales récentes où pour rappel, selon le dernier rapport de l’Indice de la faim dans le monde (GHI), le Bénin affiche désormais un niveau de faim qualifié de grave, se retrouvant dans une posture peu reluisante, assimilable à celle d’un très mauvais élève. Ce classement vient traduire, de manière froide et objective, les difficultés quotidiennes vécues par les populations. Dix ans après, une question demeure centrale dans les esprits. A force de demander des sacrifices sans jamais desserrer les ceintures, le pouvoir n’a-t-il pas fini par fragiliser le contrat social qu’il prétendait refonder ? Dans tous les cas, les perceptions restent largement unanimes sur la politique sociale de la Rupture, au terme de dix années durant lesquelles le peuple a serré les ceintures sans jamais pouvoir les desserrer. ‎

*Dynamisme Info

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