Constitution révisée : Ces aspects de la loi fondamentale qui donnent l’air d’arranger la Rupture

La révision de la Constitution béninoise, présentée comme une réforme de modernisation institutionnelle, continue de susciter interrogations et controverses. Si le discours officiel met en avant la stabilité, l’efficacité de l’action publique et la consolidation de l’État, plusieurs dispositions de la nouvelle loi fondamentale donnent néanmoins l’impression de répondre prioritairement aux intérêts politiques du régime de la Rupture, plutôt qu’à un consensus national largement partagé. Parmi les points les plus discutés figure l’allongement du mandat présidentiel à sept ans. Présenté comme un moyen de garantir une meilleure lisibilité de l’action publique et de réduire la pression électorale, ce choix apparaît d’autant plus discutable qu’il intervient dans un contexte où l’État revendique lui-même une continuité institutionnelle forte, appuyée par des outils de planification à long terme. Pour de nombreux observateurs, cette extension du mandat profite avant tout au pouvoir en place, en lui offrant un horizon politique plus large, sans que la nécessité objective d’un tel allongement ne soit clairement démontrée. La création du Sénat constitue un autre élément perçu comme favorable au régime. Si cette institution est officiellement destinée à renforcer l’équilibre des pouvoirs et la représentation territoriale, sa composition et ses modalités de désignation interrogent. Le poids accordé à des nominations d’origine présidentielle alimente l’idée d’une chambre haute susceptible de consolider l’influence de l’exécutif, plutôt que de jouer pleinement son rôle de contrepoids institutionnel. Dans ce schéma, la séparation des pouvoirs semble davantage réaménagée que réellement renforcée. La notion de trêve politique, introduite dans l’architecture constitutionnelle, est également au cœur des critiques. Présentée comme un mécanisme de décrispation et de stabilité, elle est perçue par certains acteurs comme un instrument de neutralisation de l’opposition dans les périodes jugées sensibles. En limitant l’expression politique et la contestation au nom de la paix sociale, cette disposition peut apparaître comme un moyen de sécuriser l’environnement politique du pouvoir en place, au détriment du pluralisme démocratique et du débat contradictoire. Enfin, l’ensemble de la révision s’inscrit dans une logique de concentration du pouvoir exécutif, déjà renforcé par les réformes politiques antérieures. La rationalisation du paysage partisan, la reconfiguration des institutions et la redéfinition des règles du jeu électoral donnent l’image d’un système taillé pour la stabilité du régime de la Rupture. Si ces choix peuvent être défendus au nom de l’efficacité gouvernementale, ils laissent néanmoins planer le sentiment que la Constitution révisée, loin d’être neutre, épouse largement les intérêts et la vision du pouvoir en place.

*Dynamisme Info*

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