Trêve politique au Bénin : Les appréhensions demeurent en dépit des explications du Chef de l’Etat

Malgré les explications du Chef de l’État sur l’instauration d’une trêve politique, le doute persiste dans l’opinion publique. Cette initiative, présentée comme un mécanisme d’apaisement et de décrispation, peine à convaincre une large frange des citoyens, tant le discours officiel apparaît douteux et parfois contradictoire. À mesure que les explications se multiplient, la compréhension collective s’effrite, laissant place à une incertitude profonde sur la portée réelle de cette trêve. L’une des principales sources de méfiance réside dans une déclaration récurrente du Président de la République lui-même selon laquelle il est possible d’accepter un contrat et de ne pas le respecter ultérieurement. Transposée dans le champ politique, une telle affirmation fragilise la valeur de la parole présidentielle. Elle répand l’idée que les engagements pris aujourd’hui peuvent être relativisés demain, au gré des circonstances ou des rapports de force, ce qui ne peut qu’affaiblir la confiance nécessaire à toute trêve crédible. Cette ambiguïté est d’autant plus préoccupante que le peuple peine désormais à distinguer ce qui relève de l’engagement ferme de ce qui n’est qu’une posture circonstancielle. Les explications successives, loin de clarifier le dispositif, alimentent la confusion. Beaucoup de citoyens ne savent plus quoi retenir de la promesse d’apaisement ou la possibilité assumée de revenir sur des accords pourtant annoncés comme structurants pour la vie politique nationale. Les inquiétudes s’accentuent davantage encore avec l’évocation du rôle du Sénat, présenté comme une institution habilitée à sanctionner des acteurs politiques pour non-respect de la trêve. Une telle perspective soulève des questionnements majeurs au point où l’on s’interroge sur quels critères, quelles procédures et avec quelles garanties d’impartialité ces sanctions seraient-elles appliquées ? Dans un climat déjà marqué par la défiance, la menace de sanctions institutionnelles sans cadre clairement compris renforce les appréhensions. En définitive, la trêve politique, censée apaiser, risque paradoxalement d’exacerber les tensions si la parole publique continue d’apparaître incertaine. Une trêve ne peut produire ses effets que si elle repose sur des engagements clairs, respectés et perçus comme sincères. À défaut, elle demeure une promesse fragile, incapable de rassurer un peuple qui cherche avant tout de la cohérence, de la lisibilité et une parole d’État digne de confiance.

*Dynamisme Info*

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