Lors de sa récente sortie médiatique, le Président Patrice Talon a annoncé son intention d’inviter les partis de la mouvance présidentielle à engager des discussions avec les députés et cadres démissionnaires du parti Les Démocrates (LD) afin de les écouter et voir la possibilité de les accueillir dans la majorité. Cette déclaration, faite dans un contexte politique déjà chargé, a immédiatement suscité des interrogations sur sa portée réelle. S’agit-il d’un geste d’ouverture visant à apaiser les tensions politiques ou d’un signal qui risque d’encourager les comportements opportunistes et l’inconstance des engagements partisans ? En effet, sur le plan éthique et institutionnel, une telle démarche peut difficilement être interprétée autrement que comme une forme de caution à la transhumance politique. Dans un système partisan encore fragile, marqué par des réformes destinées à rationaliser l’espace politique, encourager même indirectement les passages d’un camp à un autre au gré des événements, affaiblit la crédibilité des partis et la confiance des citoyens dans la classe politique. Elle envoie le message que la loyauté partisane et les convictions idéologiques peuvent être remplacées par des calculs d’intérêt ou de positionnement, au détriment de la cohérence démocratique. Au-delà de l’effet immédiat, cette posture du Chef de l’État pourrait avoir des conséquences profondes sur la culture politique nationale. En accueillant des dissidents d’un parti d’opposition en pleine crise interne, le pouvoir donne l’impression d’institutionnaliser la récupération politique plutôt que de promouvoir le débat contradictoire et la pluralité démocratique. Or, dans une démocratie mature, les divergences entre majorité et opposition doivent se résoudre par le dialogue politique, non par l’absorption des contestataires.
*Dynamisme Info*