Le feuilleton politique autour du Sénat béninois prend une nouvelle tournure. En refusant de siéger dans la future institution, Boni Yayi, ancien Président de la République et Président du parti Les Démocrates, vient de poser un acte politique lourd de sens. Ce refus, qui intervient dans un contexte de fortes tensions politiques et de controverses autour de la révision constitutionnelle, résonne comme un geste de rupture et de défiance vis-à-vis d’un système institutionnel dont il conteste implicitement la légitimité. De plus, Boni Yayi ne se contente pas d’un refus protocolaire ; il envoie un message politique clair selon lequel il ne cautionnera pas une révision qui, selon lui, vise à verrouiller le jeu démocratique et à neutraliser toute voix dissidente. Pour lui, siéger au Sénat dans ces conditions reviendrait à entériner une dérive institutionnelle et à donner une onction morale à une réforme contestée. Son retrait volontaire se veut donc un acte de cohérence et de protestation morale, un refus de se prêter à ce qu’il perçoit comme une mise en scène politique déguisée en réforme institutionnelle. Mais cette décision de Yayi, aussi symbolique soit-elle, ouvre un autre front, celui de la position de Nicéphore Dieudonné Soglo. L’ancien Président, respecté pour son franc-parler et sa stature d’homme d’État, est désormais interpellé. En effet, si Boni Yayi, avec son ancrage partisan, choisit la voie de la contestation, Soglo, doyen de la classe politique, incarne la mémoire républicaine du Bénin. Son attitude, qu’elle soit d’adhésion ou de désapprobation, pèsera lourd dans l’opinion nationale et internationale. Acceptera-t-il de siéger au Sénat et, ce faisant, d’apparaître comme celui qui donne une caution institutionnelle à la réforme ? Ou, au contraire, prendra-t-il ses distances pour marquer son désaccord et se ranger du côté de ceux qui jugent la manœuvre inopportune ? Son silence, pour l’instant, intrigue. Car Pépé Soglo n’est pas l’homme à fuir le débat. Il parle quand l’histoire l’exige. Et l’histoire semble, une fois encore, l’appeler à se prononcer. L’équation est complexe. Entre le souci de préserver la stabilité du pays et la nécessité de sauvegarder l’esprit de la Conférence nationale, Pépé Soglo doit arbitrer entre deux devoirs, celui du sage qui veille à la continuité des institutions, et celui du patriote qui refuse d’assister impuissant à leur dévoiement.
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