Editorial de Osséni KOBI CHABI DIKO : Nouveau projet de la Constitution :  le législateur et le sentiment d’abus du pouvoir !

Un nouveau projet de révision de la Constitution sera bientôt soumis aux députés avec pour ambition affichée l’instauration d’un Sénat présenté comme la pièce manquante du dispositif institutionnel. L’annonce faite le vendredi 31 Octobre à l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année n’a pas tardé à raviver les débats et les suspicions autour des motivations réelles des députés de la majorité parlementaire. En effet, à quelques mois des élections générales de 2026, le choix de concentrer l’énergie sur la création d’une nouvelle institution plutôt que sur des mesures concrètes en faveur du peuple interroge et inquiète plus d’un. Il est vrai que l’idée d’instaurer un Sénat n’est pas mauvaise en soi. L’institution pourrait à terme, jouer un rôle de contrôle et de réflexion complémentaire à l’Assemblée nationale. Bien conçu, un Sénat pourrait apporter un second regard sur les textes de loi et enrichir le débat démocratique. Mais dans le contexte actuel marqué par des exilés politiques dont Sébastien Ajavon, Léhady Soglo, Valentin Djènontin toujours éloignés de leur pays, des détenus politiques comme Reckyat Madougou, Joël Aïvo encore en prison et des fonctionnaires et enseignants qui réclament la revalorisation salariale, le choix de cette réforme apparaît déconnecté des priorités réelles, pensent plus d’un. Beaucoup auraient préféré poursuivent-ils, que le parlement concentre ses efforts sur des mesures fortes et unificatrices comme favoriser le retour des exilés ou la libération des détenus politiques. Selon eux, de tels gestes auraient envoyé un signal fort de maturité politique qui prouve que le parlement agit pour le peuple et donc, agit pour l’intérêt général. Or, en privilégiant une réforme institutionnelle à la veille d’échéances électorales et dans le contexte actuel de démissions de députés du parti Les Démocrates, le message envoyé au public est que les députés œuvrent davantage pour consolider un système et contenter certains acteurs politiques que pour répondre aux attentes citoyennes, concluent-ils. Ce qui nourrit le sentiment d’abus du pouvoir et qui fait avancer certains à tort ou à raison que le pouvoir législatif sous la rupture censé être au service du peuple, semble instrumentalisé pour renforcer des intérêts politiques plutôt que pour protéger et promouvoir le bien commun. L’idée d’un Sénat loin d’être intrinsèquement mauvaise devrait non seulement enrichir le dispositif institutionnel mais elle devra aussi répondre à un véritable besoin démocratique avec une utilité sociale qui impacte directement le quotidien des béninois.

*Dynamisme Info*

Laisser un commentaire