La démission de six députés du groupe parlementaire Les Démocrates (LD) continue de faire des vagues à l’Assemblée nationale. Si le geste a surpris par son ampleur, il interpelle aujourd’hui sur le plan moral et politique. Car au-delà de la liberté de choix des élus, une question de fond s’impose : peut-on continuer à siéger à l’Assemblée nationale sous le mandat d’un parti dont on ne partage plus les convictions, ni les orientations ? Les députés démissionnaires affirment ne plus être en phase avec le parti qui les a portés au Parlement. Ils évoquent des divergences de ligne politique, un manque de cohérence interne, voire des frustrations personnelles. Mais dès lors qu’ils reconnaissent publiquement ne plus adhérer à l’esprit et à la vision du parti qui les a fait élire, la logique républicaine et la morale politique voudraient qu’ils renoncent également à leur mandat. En effet, au Bénin, les députés sont élus sur la base des listes présentées par les partis politiques, dans un système de représentation proportionnelle. Cela signifie que le mandat qu’ils exercent n’est pas seulement le fruit d’un choix individuel, mais celui d’une confiance collective accordée à une formation politique. Sans le logo, la bannière et la stratégie électorale du parti, ces élus n’auraient probablement jamais obtenu le suffrage des électeurs. Quitter un parti tout en conservant le mandat obtenu grâce à lui pose donc un problème d’éthique politique. Il s’agit là d’une forme d’appropriation personnelle d’un mandat collectif, qui dénature le sens même du vote des citoyens. Dans un contexte où la confiance du peuple envers la classe politique est déjà fragilisée, de tels comportements entretiennent la méfiance. On ne peut pas, par souci de cohérence et de dignité politique, quitter un parti et continuer de jouir des privilèges attachés à un mandat obtenu grâce à ce même parti. L’idéal, dans un État de droit respectueux de la volonté populaire, serait que tout député qui décide de se désolidariser du parti sous lequel il a été élu rende son siège et se représente éventuellement sous sa propre bannière. Mais continuer de siéger au nom d’un mandat obtenu grâce à lui, sans en partager la vision, c’est une contradiction éthique. À moins que la politique ne soit devenue, définitivement, un simple calcul d’intérêt.
*Dynamisme Info*