Nouveau format de l’aide de l’Etat à la presse : Le sentiment que le bon bout n’est pas tenu

Après près d’une décennie de suspension, l’aide de l’État à la presse a fait son retour au Bénin. La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), a annoncé lors de l’ouverture de sa deuxième session ordinaire le Mardi 30 Septembre 2025 à Cotonou que ce soutien revêt désormais un nouveau format. Les fonds mobilisés ne seront plus directement orientés vers les organes de presse, mais serviront principalement à financer des formations pratiques pour les journalistes et à appuyer certaines associations professionnelles dans la prise en charge de leurs charges courantes. Dans cette dynamique, environ 115 millions de francs CFA sont déjà dégagés pour la réhabilitation de la Maison des Médias Thomas Megnanssan de Cotonou, selon l’organe de régulation des médias. Un signal positif certes qui marque la volonté des autorités de replacer la presse au cœur de la professionnalisation et de la formation continue. Cependant, si cette décision est à saluer, elle laisse planer un sentiment d’inachevé. Car, au-delà des formations, le problème central des entreprises de presse, notamment privées, demeure la survie économique. Depuis dix ans, les patrons de presse attendaient avec impatience une reprise de l’aide publique pour desserrer un tant soit peu la ceinture et donner de l’oxygène à leurs collaborateurs. Mais à la lumière du nouveau dispositif, les patrons devront encore attendre, se réorganiser ou se résoudre à l’idée qu’il n’y a plus rien à espérer, sinon de compter sur leurs propres ressources. Or, la réalité est que des organes de presse cèdent déjà sous le poids de charges financières écrasantes. Beaucoup peinent à assurer des salaires réguliers, certains ont réduit leurs équipes et d’autres ont carrément mis la clé sous le paillasson. Les formations, aussi pertinentes soient-elles, ne peuvent remplacer le besoin vital de moyens financiers. La qualité de l’information repose aussi sur des conditions matérielles décentes, sur des entreprises de presse viables et sur des journalistes qui travaillent dans la dignité. En définitive, si le retour de l’aide à la presse dans sa nouvelle formule ouvre une brèche d’espoir, il faut reconnaître que le bon bout n’est pas encore touché. L’enjeu n’est pas seulement de former, mais aussi de permettre aux entreprises de presse de survivre, de se consolider et de jouer pleinement leur rôle dans la démocratie béninoise. Il est appelé à revoir au besoin le mécanisme dans le but de permettre aux entreprises de presse de toucher directement les fonds qui pourront jouer un rôle capital dans leur fonctionnement et leur survie, car une presse sans véritable moyen économique pourrait manquer le professionnalisme qu’exige le métier.

*Dynamisme Info*

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