Harcèlement sexuel à l’UAC : Un cas qui interpelle sur la protection des étudiantes

L’affaire de harcèlement sexuel impliquant un enseignant du Département de Sociologie-Anthropologie (DSA) de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales (FSHS) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) remet en lumière un problème persistant dans les établissements d’enseignement supérieur. Ce scandale  qui a nécessité une réaction rapide des autorités académiques, soulève plusieurs enjeux majeurs liés à la protection des étudiantes, à la responsabilité des institutions et aux mécanismes de lutte contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur béninois. L’intervention de Madame Prisca Sokêhoun Gogan, Secrétaire Générale de l’UAC et Présidente de l’Observatoire Genre de l’UAC, sur UAC WEB TV a permis de détailler les mesures prises face à cet incident. L’enseignant mis en cause, qui était non seulement chef adjoint de département mais aussi Directeur de mémoire de la victime, a été immédiatement convoqué par le rectorat lors d’une réunion impliquant les responsables du département et les autorités académiques. Cette démarche rapide traduit une volonté institutionnelle de ne pas laisser de tels actes impunis et de protéger les étudiantes contre les abus de pouvoir. En effet, les relations d’encadrement universitaire peuvent parfois créer une asymétrie de pouvoir qui expose les étudiantes à des pressions et des abus. L’intervention prompte des autorités académiques dans ce cas particulier témoigne d’une prise de conscience accrue de la nécessité d’agir face à ce fléau qui constitue un problème structurel dans l’enseignement supérieur. Si la réaction de l’UAC est encourageante, elle ne doit pas occulter la persistance du harcèlement sexuel dans le milieu universitaire. Ce phénomène souvent minimisé ou étouffé par la peur des représailles et la culture du silence, trouve son origine dans plusieurs facteurs.  Les enseignants, détenteurs de l’autorité académique peuvent abuser de leur position pour exercer une pression sur les étudiantes. Malgré l’existence de l’Observatoire Genre de l’UAC, peu de cas sont dénoncés en raison de la peur des représailles et du manque de confiance dans le système disciplinaire.

*La stigmatisation des victimes*

Les étudiantes qui osent dénoncer s’exposent souvent à des discriminations ou à un isolement social. Dans ce contexte, ce cas spécifique doit servir de catalyseur pour des réformes plus profondes en matière de protection des étudiantes et de lutte contre le harcèlement sexuel à l’université. Face à cette réalité, plusieurs pistes de solutions peuvent être envisagées pour renforcer la lutte contre le harcèlement sexuel dans les universités béninoises. La peur des représailles étant un frein à la dénonciation, la mise en place de plateformes confidentielles pour signaler les cas de harcèlement pourrait encourager les victimes à parler.

*Renforcement de l’Observatoire Genre de l’UAC*

Cet organe pourrait être doté de plus de moyens pour mener des enquêtes indépendantes et accompagner les victimes juridiquement et psychologiquement. Sensibilisation et formation des enseignants et étudiants. Une campagne continue sur le harcèlement sexuel et les comportements appropriés dans un cadre universitaire pourrait contribuer aussi à un changement de mentalité et à une prise de conscience collective. Cette affaire de harcèlement qui secoue l’UAC doit être perçue comme une opportunité de renforcer la lutte contre le harcèlement sexuel dans les universités. Si la réaction rapide des autorités académiques est à saluer, il est essentiel d’aller au-delà de la gestion des cas individuels pour s’attaquer aux causes structurelles du problème. Seule une politique volontariste et rigoureuse permettra d’assurer un cadre d’études sécurisé et respectueux pour toutes les étudiantes.

*Dynamisme Info*

Laisser un commentaire