Les deux grandes formations politiques de la majorité présidentielle au Bénin à savoir l’Union Progressiste Le Renouveau (UPR) et le Bloc Républicain (BR) affichent de plus en plus leur indépendance vis-à-vis du Chef de l’Etat. Sur deux questions au moins que sont la révision de la Constitution et leur sollicitation pour l’audit du fichier électoral dans la perspective des échéances de 2026, elles adoptent des postures différentes de celles du Président de la République pourtant vu comme leur leader numéro 1. En effet, relativement à la tentative de la révision de la Constitution mise en échec dernièrement en plénière à l’Assemblée nationale par 71 voix pour, 35 contre et 02 abstentions, alors que le Président Patrice Talon exprimait son désir de ne pas voir sauter une virgule de la loi fondamentale, des députés notamment du Bloc Républicain avec à leur tête Assan Seibou ont défendu jusqu’à la fin la proposition introduite à cet effet. Prétextant d’une décision de la Cour constitutionnelle en date du 04 Janvier 2024 qui invitait l’Assemblée nationale à modifier le Code électoral pour entre autres, rétablir l’égalité du pouvoir de parrainer à l’égard de tous les maires, Assan Seibou, député du camp présidentiel avait initié le 26 Janvier une révision constitutionnelle bloquée à la première phase de l’examen à l’hémicycle. 07 des 81 députés de la rupture avaient voté contre la proposition pour conforter la minorité de blocage. Mais les initiateurs en tout cas le principal à savoir le député Assan Seibou, ont défendu contre la position affichée par le Chef de l’Etat, leur idée qui n’a pu aboutir.
Dans le même ordre d’idées, une sollicitation du Cadre de concertation des partis politiques de l’opposition béninoise en direction de l’Union Progressiste Le Renouveau pour agir ensemble sur le chantier de l’audit du fichier électoral, a essuyé un refus catégorique de la part du plus grand parti de la mouvance qui refuse de s’associer à cette initiative de l’opposition. Dans ses arguments pour justifier sa position, l’UPR estime que la demande du Cadre de concertation de l’opposition de mettre sur pied un Comité Politique d’Encadrement (CPE) est « inopportune » et en « déphasage avec les lois en vigueur au Bénin qui organisent l’établissement de la Liste Electorale Informatisée (LEI) ». Tout en se montrant prêt à contribuer aux côtés de l’ANIP et de toutes les parties prenantes, conformément au « cadre légal établi » à l’extraction et à la mise à disposition de la CENA d’une liste « fiable pour des élections transparentes, crédibles et apaisées en 2026», le parti présidé par Joseph Djogbénou refuse de poser un acte qui l’amènerait à manquer « à sa responsabilité politique et affecterait celle de l’opposition si elle s’associait, dans son positionnement politique actuel, à une initiative fondée sur un manque de confiance dans le dispositif électoral qu’elle a politiquement défendu et activement recherché ». Une sorte d’opposition au souhait du Chef de l’Etat de faire auditer à la demande de l’opposition, par des experts internationaux indépendants, le fichier électoral. Un sujet qui a réuni récemment le Garde des sceaux et les responsables du Cadre de concertation de l’opposition pour les premiers pas en vue de la satisfaction de la requête approuvée par le Président Patrice Talon. Mais l’UPR manifeste son refus catégorique, signe de son indépendance dans la prise de décisions. Seulement, beaucoup se posent de questions sur ces postures des deux grands partis de la majorité présidentielle qui prennent en quelque sorte le contre-pied des positions du Chef de l’Etat. On se demande si tout cela est sincère ou s’il s’agit d’une indépendance apparente ? Des questions auxquelles les dirigeants de partis dans le cas sauront apporter de réponses pour fixer les uns et les autres sur ce qu’il y a fondamentalement à retenir.
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